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Breakdance aux JO

Breakdance aux JO : un accueil mitigé dans la communauté

octobre 8, 2020 / Par nicolas

temps de lecture : 4 min
Le breakdance n’est plus qu’une activité underground, urbaine ou artistique. Enfin, oui ce l’est encore… mais c’est aussi une nouvelle discipline olympique. Une nouvelle qui peut sembler grandiose, mais qui n’a pas été accueillie qu’avec des hourras dans la communauté du break. Les communautés du skateboard et du surf sont également divisées sur l’ascension de leur sport vers les JO. «Faut juste pas penser que les Jeux olympiques, c’est l’aboutissement du break, parce que c’est un art avant tout.» Léo Caron, mieux connu sous son nom d’artiste «Fléau», est l’un des meilleurs b-boys au Canada. Son crew, Sweet Technique, est classé 12e au monde par le site BBoyRankingz. En 2024, il ne serait pas surprenant de le voir disputer l’or pour le Canada lors des Jeux olympiques à Paris. https://www.instagram.com/p/B5lB8GfBKfH/ Étant l’un des visages les plus reconnus du breakdance au pays, Fléau a suivi de très près les nouvelles concernant l’implémentation de sa discipline aux Jeux, mais étant au cœur de la bête, il sait très bien que l’opinion de ses confrères et consoeurs est mitigé. « C’est mitigé parce que le fait que ça devienne un sport officiellement, ça nous force à mettre le break dans des cases et c’est quelque chose de très dur à faire. L’idée générale dans le monde du break, (les JO) ça a toujours été négatif. Plusieurs se disent que c’est commercial, que ça va nuire à l’art et nuire à l’essence du break en tant que tel. » 

Plus d’argent, plus de problèmes?

Mais quand la présence du breakdance aux Jeux olympiques s’est officialisée, plusieurs ont tempéré leur avis. « C’est pas quelque chose qui m’exalte les Jeux olympiques, mais le positif que j’y vois, ce sont les opportunités pour les artistes locaux d’obtenir des subventions, que les b-boys puissent avoir certains avantages au niveau gouvernemental ou la création d’emplois d’entraîneurs par exemple. Si ça amène du positif financièrement, c’est tant mieux. » Là où le bât blesse, selon Fléau, c’est le système de jugement dans les grosses compétitions. Puisque les b-boys se voient majoritairement comme des artistes avant des sportifs, certains ont peur que l’athlétisme supplante l’art. « Pour pouvoir vendre et présenter ça aux Jeux olympiques, va falloir décortiquer le break et ça deviendra superficiellement objectif. C’est une façon plus structurée et encadrée de voir le break et la façon dont les danseurs dansent sera affectée. Les danseurs vont se concentrer sur performer, gagner, faire des points, plaire aux juges, être en forme, mais y’a peut-être certains autres aspects plus personnels qui seront délaissés. » Inévitablement, la présentation de cette discipline dans un cadre olympique attirera de nombreux curieux et jettera énormément de lumière sur un art jusqu’ici pratiqué dans l’ombre. Ce qui veut dire que les gens impliqués actuellement pourraient éventuellement profiter monétairement de cette montée. Quand on en parle avec Fléau, on réalise qu’il veut protéger son art avant tout. « Je suis capable de reconnaître des bons côtés, mais ça n’apportera rien de plus que des gens et de l’argent. Si moi, tu me payes, je suis bien content, mais l’apport est limité au niveau artistique. Le break requiert beaucoup de dévotion. Peut-être que ça va attirer plein de monde qui ne prendront pas ça tant au sérieux. »  

Athlète : Léo Caron
Crédit Photo : Jérémie Perreault

Montréal, terreau fertile du break

Quatre années nous séparent encore de ce changement et le processus de sélection des artistes-athlètes qui participeront aux JO en est à ses premiers balbutiements. Mais parole de Fléau, Montréal risque d’être bien représentée. « Au Canada, Montréal est vraiment reconnue parce qu’il y a une vibe différente ici. Les gens se déplacent à chaque année pour venir dans nos événements parce que les danseurs sont très originaux, ils ont une bonne capacité d’improvisation, l’ambiance dans les événements ici est incroyable, l’emphase est beaucoup mis sur le style plus que sur la technique. »  Selon le b-boy montréalais, c’est peut-être la raison pour laquelle la présence du break aux JO n’a pas fait que des heureux au Canada. «Ici, notre force, c’est le freestyle, l’originalité, la forme, le style… plutôt que les acrobaties. Je pourrai jamais me mentir à moi-même en faisant la promotion absolue du break aux Jeux olympiques.»  Gageons cependant que si Fléau et son crew ont l’occasion de s’exécuter aux JO, ils nous représenteront avec brio. https://www.youtube.com/watch?v=_kHFdyuvdpQ Le break n’est pas le seul sport qui vivra son baptême de feu aux Jeux olympiques… le skateboard aussi. Ne manquez pas notre blogue sur les cinq jeunes skaters québécois à suivre, juste ici.